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« Tout d'abord moi je trouve qu'il n'y a pas de dilemme. Il n'y a pas du tout de dilemme parce que la sagesse africaine dit, la sagesse bien africaine dit exactement ceci: "il n'y a pas meilleure conseillère que la misère".

Quand vous pensez que parce qu'on a le ventre vide, parce qu'on a les problèmes, on ne réfléchit pas. Je ne suis pas d'accord avec vous. C'est à ce moment qu'on compte les charpentes.

Je vais vous dire une chose qui est très fondamentale. C'est justement la prise de conscience de cette misère qui nous a amené aujourd'hui à ce débat-là. Il ne suffit pas de pleurer, il ne suffit pas de crier, il faut chercher les origines de sa misère. Pourquoi en sommes-nous arrivés là, où on ne peut pas manger ? Je vous ai parlé d'homme complet, c'est-à-dire d'homme capable de réflexion.

Aujourd'hui-là si nous repartons à nos valeurs intrinsèque. L'Africain pouvait mourir de faim mais vous ne pouviez jamais l'insulter, vous ne pouviez jamais le traiter de comme vous voulez, il n'allait jamais se prostituer pour avoir à manger. Il se battra pour avoir à manger. Ça c'est connu dans tous nos villages. C'est connu dans toutes les langues que la mort vaut mieux à cette honte-là. C'est connu dans toutes nos langues. Voilà les valeurs autour desquelles nous devons repartir.

Aujourd'hui entre vous et moi, quelle est la solution que nous choisissons tous ? C'est la prostitution avec "P" majuscule. Moi je ne parle pas des histoires de sexe, moi je parle de prostitution avec "P" majuscule où c'est la conscience qui est vendue, pédalée, piétinée, broyée. Nous croyons nos consciences, nous nous asseyons dessus pour des postes politiques, pour des postes au niveau simplement de la fonction publique, pour des feuilles comme on le dit.

Nous sommes incapables de nous battre comme nos ancêtres pour produire, pour réaliser, pour nous imposer, pour dire: "Malgré ma pauvreté tu ne peux pas m'insulter !" Comme le disait Tevoedgere dans "Pauvreté et richesse des nations": "Il n'y a pas de dilemme". Vous touchez là au cœur du problème.

Et la bataille doit partir de là.

Il faut que nous ayons la science de notre misère, il faut comprendre cette science-là. Et si vous la comprenez, il n'y a pas de dilemme, il y a des sources de combats à mener.

La question du rendez-vous de l'Afrique avec le troisième millénaire.

Le problème est fondamentalement posé aujourd'hui dans les villages les plus reculés: comment se soigner ? C'est la question du rendez-vous. Comment se soigner ? Comment se vêtir ? Comment se nourrir ? Comment préserver la culture ? Ce sont les questions fondamentales pour le rendez-vous du troisième millénaire.

Je ne suis pas d'accord avec vous quand vous dites que ça n'existe pas au village parce qu'aujourd'hui au niveau de nos villages les gens sont en train de développer par exemple la pharmacopée. Des médecines qui avaient été oubliées sont en train d'être remise à la surface parce que nous voulons aller au rendez-vous du troisième millénaire avec quelque chose dans nos mains, quel que soit le lieu, quel que soit l'endroit.

Ensuite, lorsque vous me dites: "Comment peut-on réfléchir lorsqu'on enlève les gens parce qu'ils disent qu'ils ont faim ?"

Alors je vous pose la question:

Pourquoi les gens ont faim ?

Pourquoi avez-vous faim ?

Et pourquoi n’avez-vous pas mangé ?

La question est fondamentale. Parce que vous dites… Si vous n'avez pas mangé, il y a deux solutions: ou il n’y a pas de nourriture, ou quelqu’un a mangé votre plat.

Et alors la question qui se pose. Est-ce que vous deviez commencer à vous plaindre en disant: "j’ai faim" ? Vous devez demander: "qui a pris mon plat ?"

Lorsque vous n'avez rien dit pendant qu'on bouffe votre plat, c'est tout à fait logique que vous ayez faim. Et comme le monsieur a bouffé et que vous n'avez rien dit, maintenant vous dites que vous avez faim, il vous bastonne.

Lorsqu'on parle de recours à nos valeurs, comme je l'ai dit et répété, il y a des valeurs fondamentales sur lesquelles nous devons nous appuyer. On ne peut pas s'engager dans une bataille si on n'a pas de base, on n'a pas d'armée, on n'a pas d'armes. Et nos armes, c'est essentiellement les valeurs culturelles essentielles que nous avons, qui restent quand même assez fondamentales.

La pire des choses, ce n'est pas la méchanceté des gens mauvais, c'est le silence des gens bien.

Vous, qu'est-ce que vous faites ?

"On ne donne pas la parole à quelqu'un, quelqu'un arrache la parole." C'est pour vous dire ceci: si vous allez dormir dans votre case-là, et vous croyez qu'il y a quelqu'un qui va se lever parce que vous êtes fatigué, offrir sa tête à lui pour que vous quittiez de votre fatigue et jouir des bruits là, vous avez menti. Il y aura personne.

Et c'est comme ça que ça se passe. Ça se passe parce qu'on regarde l'autre. On se dit: "Il faut que les autres là fassent quelque chose".

"Les autres", c'est qui ?

C'est l'histoire des souris qui se rassemblent pour lutter contre le chat, et la plus intelligente des souris a dit: "Moi, j'ai trouvé. On va lui mettre une clochette au cou, et chaque fois qu'il s'approche, ça sonne et on fuit." Tout le monde applaudit. On arrange la clochette, on trouve personne pour aller mettre.

On ne libère pas un homme, un homme se libère. Un esclavagiste ne devient pas libertaire du jour au lendemain. Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai que la France peut dire: "Allez-y, vous êtes libres." Ce n'est pas vrai. Ce n'est pas vrai que la France veut notre bien. C'est pas vrai. Mais elle a raison parce que notre situation actuelle profite à ses intérêts. C'est humain.

Notre bonheur ne peut pas venir de ceux qui ont profité de notre esclavage, de ceux qui ont profité de notre état de dépendance. Ce n'est pas vrai. Et c'est pourquoi j'ai écrit: "Chaque fois que la France dit quelqu'un est bien, cette personne-là est bien pour la France". C'est clair là. C'est humain. Si vous défendez les intérêts de la France, la France vous couronne.

Maintenant, est-ce que vous défendez vos propres intérêts à vous ? Ça, c'est autre chose. Est-ce que vous défendez les intérêts de votre propre peuple ? Ça c'est autre chose. Dès que vous défendez les intérêts de la France, elle est en droit de faire de vous "académicien", "pape", machin truc. Tout ça, c'est son droit.

Il faut pas se leurrer. Il faut être clair. On dit en politique: "les amitiés, les relations les plus bonnes se perdent dans l'intérêt comme le fleuve se jette dans la mer". C'est comme ça en politique. C'est une question d'intérêts. C'est pas une question d'amitié. On n'aime personne.

Nous sommes tous Noirs. Tu as beau te maquiller, devenir luisant, c'est pas ça. Ce n'est rien aux yeux des Français, tu es un Noir, tu es un colonisé. C'est tout. Et si tu défends leurs intérêts, ils te supportent, point !!! C'est pas plus compliqué là. Aujourd'hui, elle est là pour dire la Francophonie, la Maçonnerie, la machin truc ... C'est des histoires. C'est une question d'intérêts.

Personne ne nous donnera la liberté. Personne ne nous donnera l'indépendance. Le voleur qui nous vole a raison, c'est vous qui avez tort de vous laisser voler. C'est tout.

La pire des choses, ce n'est pas la méchanceté des gens mauvais, c'est le silence des gens bien.

Vous, qu'est-ce que vous faites ? »

Norbert Zongo.

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